par le Père Michel Ouattara
Vicaire sur les paroisses Sainte-Geneviève et Notre-Dame du Perpétuel-Secours
À toi mon cœur se soumet tout entier, car à te contempler il défaille tout entier.
Le sacrement est l’intervention de Dieu qui se donne, ainsi que l’intervention du service pastoral et charitable, aujourd’hui des successeurs des apôtres. Le sacrement de l’Eucharistie proclame La Parole de Dieu et fait communier au Corps et au Sang de Jésus Christ par la consécration d’un peu de Pain et d’un peu de Vin, mêlé d’un peu d’eau. Un peu de Pain. Rien de plus commun que le pain. C’est la nourriture de base, à l’époque de Jésus plus encore qu’à la nôtre. Le pain, c’est ce pourquoi travaillent les êtres humains. On dit de manière équivalente “gagner sa vie” ou “gagner son pain”. Le pain représente toute la vie humaine : “Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes”, dit le prêtre à la présentation des offrandes pour le sacrifice eucharistique. La fabrication de ce pain est passée par un grand nombre de mains, depuis celles qui ont semé le grain, extrait le sel, et puisé l’eau jusqu’à celles qui ont déposé le pain sur la patène. Ces mains n’étaient pas toutes pures, loin sans faut ! C’est pourtant le produit du travail de toutes ces mains qui deviendra pain de la vie éternelle.
Au moment d’être livré et d’entrer librement dans sa passion, Jésus prit le pain, il le bénit, le rompit et le donna à ses disciples en disant : “Ceci est mon Corps, livré pour vous.” (P. E. II) Lorsqu’il accomplit ce geste au soir du Jeudi saint, Jésus annonce par un geste prophétique ce qu’il va accomplir le lendemain : faire don de sa vie sur la croix pour la multitude.
L’apôtre et évangéliste Jean nous explique que recevoir le corps et le sang eucharistiques de Jésus, c’est recevoir de Dieu l’invitation à devenir, à la suite de Jésus Christ, pain de vie pour les autres, charité pour les autres, occasion de vie éternelle d’amour divin pour les autres, avec l’aide de L’Esprit Saint qui conduit l’Eglise. Concrètement, l’Eucharistie, comme tous les autres sacrements, est à célébrer et à vivre avec Foi et cœur, dans une démarche ecclésiale, où les gestes ou rites de chaque sacrement disent au monde et à chaque conscience, la foi catholique reçue des apôtres.
Un grand théologien, Thomas d’Aquin, nous a laissé une magnifique hymne pour la Fête-Dieu : “Je t’adore avec ferveur, ô Dieu caché, vraiment présent sous ces figures…Les yeux, la bouche et les mains se trompent sur toi ; c’est à l’écoute seule qu’il est sûr de se fier”. Ce mystère ne peut pas être dénoué par la seule raison humaine. Sont nécessaires l’attitude de l’écoute et de l’adhésion de foi que Dieu peut donner : “À toi mon cœur se soumet tout entier, car à te contempler il défaille tout entier.” La récente période de la communion spirituelle a pu nous disposer intérieurement pour cette étape concrète du rite de communier corporellement au Pain et au vin consacrés : nous sommes certes des âmes, mais aussi des corps ; Dieu rejoint aussi notre corps, d’abord corps terrestre provisoire et annonce déjà des corps des élus et des élues qui recevront chacun, chacune, leur corps de ressuscités(ées).