par le Père Didier Rapin
Curé des paroisses Sainte-Geneviève et Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours
La fraternité n’est pas seulement un sentiment ou un impératif moral : elle est une attitude globale qui se vit dans tous les domaines de l’existence.
Dans un mois, le dimanche 15 novembre, nous célébrerons la 4ème Journée Mondiale des Pauvres. Cette journée se doit d’aider les communautés et chaque baptisé à réfléchir sur la manière dont la pauvreté est au cœur de l’Évangile. Pour nous y préparer, le pape François publie une encyclique « Fratelli tutti » qui signifie « Tous frères ». « La lire à plusieurs, la partager, l’étudier, nous en nourrir en y associant les plus démunis, sera pour tous une nouvelle occasion de reconnaitre le Christ en chacun de nos frères », comme le souligne l’archevêque de Paris, Mgr Aupetit.
Dans un récent communiqué, le Conseil Permanent de la Conférence des Évêques de France, présente ainsi cette encyclique : « Le pape François nous y offre un grand texte. La foi en Dieu créateur et père de tous nous fait reconnaître en tous les êtres humains des frères et des sœurs à recevoir librement et joyeusement. La fraternité n’est pas seulement un sentiment ou un impératif moral : elle est une attitude globale qui se vit dans tous les domaines de l’existence. Elle est alors très exigeante, elle bouleverse les constructions sociales, mais elle est source de joie et de vie. »
Et toujours sur ce sujet de la fraternité, ce même Conseil va plus loin dans sa déclaration en nous posant des questions liées à l’actualité en France : Dans quelques jours, le Sénat reprendra la discussion de la révision des lois de bioéthique. Les évêques de France ont, depuis longtemps, fait part de leur inquiétude devant les dispositions du texte voté par l’Assemblée nationale. Depuis quelques semaines, la pression monte à l’Assemblée nationale pour que soient allongés encore les délais de l’avortement sous couvert de droits des femmes et d’égalité, on réduit la filiation à un simple acte de la volonté de ceux ou de celles qui prétendent devenir parents. Un enfant n’est plus accueilli, il est désiré, produit et choisi.
Une société peut-elle être fraternelle lorsqu’elle n’a rien de mieux à proposer aux mères en détresse que l’élimination de l’enfant qu’elles portent ? Une société peut-elle être fraternelle lorsqu’elle organise la naissance d’enfants qui n’auront pas de père, tout au plus un géniteur ? Une société peut-elle être fraternelle lorsqu’elle renonce à reconnaître les rôles de la mère et du père, lorsqu’elle ne reconnaît plus que le lieu digne de l’engendrement d’un être humain est l’union corporelle d’un homme et d’une femme qui ont choisi d’unir leur vie pour créer un espace d’alliance et de paix au milieu de ce monde magnifique et dangereux ?
L’Église est-elle dans son rôle en se mêlant ainsi de politique ? Oui, répond notre évêque Mgr Matthieu Rougé, en septembre 2019 : « La mission essentielle de l’Église est de vivre et d’annoncer l’Evangile. Mais, dans cette lumière, elle est aussi appelée à témoigner en faveur de la dignité de toute personne humaine et de la véritable fraternité. L’engagement de l’Église dans la cité est à la fois éthique et social.
La position de l’Église est toujours et fondamentalement un grand « oui » à la vie et parfois, quand il le faut, un « non » à ce qui la défigure. »
Par contre les évêques et les curés n’ont pas à définir pour les baptisés la forme de cet engagement pour la vie. Cela relève de la conscience personnelle et de la conscience politique de chacun. « Il existe plusieurs formes d’engagement : Manifester, ou se manifester, dans le cadre légal, mais aussi dialoguer avec les élus et être capable de se former pour convaincre », comme l’a écrit Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, l’an passé ». Sans oublier la prière qui est aussi une forme d’engagement réelle.