Nous sommes dans le noir. Puis progressivement nos yeux s’habituent à l’obscurité et nous distinguons une forme, un béret, une canne, oui c’est bien lui : l’abbé Pierre. Il commence à parler. Ses mots font écho à une brûlante actualité. Serait-il encore parmi nous ? Brusquement il se lève, la scène s’éclaire, il se redresse, enlève sa cape, c’est l’acteur en pleine lumière qui se présente, Nicolas Vitiello, il n’a pas quarante ans et pendant plus d’une heure, seul en scène, par petites touches, il va nous faire revivre, avec humour et empathie le parcours d’Henri Grouès, dit l’abbé Pierre, dicté par sa foi, au gré de ses rencontres et de sa révolte contre la misère.
Avec quelques accessoires, un porte manteau, un chapeau, une écharpe, une veste, il nous rappelle ou nous apprend, son choix de pas suivre la voie familiale, toute tracée, de bourgeois lyonnais pour s’engager auprès des plus démunis, ses rencontres avec François Mitterrand ou avec Charlie Chaplin qui veut le voir pour lui remettre un chèque et bien sûr son appel à la radio pendant l’hiver 1954 en faveur des sans-abris.
La Voix des sans voix, le spectacle de Nicolas Vitiello, s’est arrêtée à Asnières, l’espace d’un soir, parce que comme le rappelait l’abbé Pierre, “Nous avons le devoir de vouloir être heureux”. Pari tenu pendant une soirée de janvier 2019.