par le Père Michel Ouattara
Vicaire sur les paroisses Sainte-Geneviève et Notre-Dame du Perpétuel-Secourrs
Présentation de la lettre pastorale de Mgr Matthieu Rougé,
évêque de Nanterre,
publiée, le lundi 1er juin 2020, intitulée « Un grand vent de liberté ».
Liminaire
Si, avec la pandémie de la Covid-19, par le confinement de mars-avril 2020, des usages et des habitudes ont été bouleversées à de nombreux égards, il n’en demeure pas moins que les catholiques ont fait l’expérience de nouvelles manières de vivre leur foi, les amenant parfois à faire de belles redécouvertes, des retours sur des bonnes actions qui semblaient être devenues un peu désuètes, ringardes comme la lecture de la Bible et la prière familiale.
Mgr Rougé, évêque du diocèse de Nanterre propose, dans sa première lettre pastorale en date du 1er juin 2020, de relire cette période afin de passer « au crible de la Parole de Dieu » ce confinement et ce déconfinement.
L’essentiel est dans le titre de cette exhortation : « Un grand vent de liberté », exprimant ainsi l’heureuse coïncidence entre la célébration de la Pentecôte et le déconfinement, le temps liturgique et le temps civil, le spirituel rejoint pour ainsi dire le temporel dans la célébration de la liberté. Outre le temps liturgique propice, Mgr Matthieu Rougé, précise qu’il écrit sa lettre « en écho à l’appel de saint Paul » autour de trois dimensions ecclésiales « fraternité, intériorité, créativité ». Il s’ensuit que pour bien comprendre l’esprit de cette lettre, il faut la lire en articulant à la fois l’esprit du temps liturgique post Pentecôte et ce texte de saint Paul.
I – Conserver le souci de la fraternité
Rappelons que durant les premiers siècles, le nom propre de l’Église était « Fraternitas » « la Fraternité » ; l’Église ayant à vivre la « Fraternité du Christ ». Ce n’est sans doute pas un hasard si Mgr Rougé commence par cette vertu de la Fraternité.
Pour commencer, Mgr Rougé relève quelques lieux où la fraternité s’exprime et se vit déjà : « Je bénis le Seigneur pour la fraternité dont je suis témoin depuis que je suis devenu évêque » entre prêtres, avec les diacres, dans les familles et dans la cité mais aussi plus essentiellement « avec les plus pauvres ».
Dans sa lettre, l’évêque de Nanterre entend « mobiliser » toutes les forces vives du diocèse, solliciter l’intercession des saints originaires du diocèse, et reconnus comme tels par l’Eglise universelle, sans oublier ceux dont il espère qu’ils le seront un jour, comme le P. Daniel Joëssel, afin de susciter des « vocations au service de la fraternité », en vue de répondre aux « nouvelles formes de souffrances et de pauvreté avec de nouvelles diaconies ». Mais cette fraternité ne peut se nourrir et se développer que dans un réel mouvement d’intériorité.
II – Se ressourcer dans l’intériorité
Selon Mgr Rougé, cet élan de fraternité à l’œuvre particulièrement dans le diocèse est un don de Dieu par l’envoi de l’Esprit-Saint. Aussi estime-il que rien ne saurait y mettre fin : « aucun confinement physique ne sera jamais plus fort que le perpétuel déconfinement intérieur de l’Esprit ».
Revenant sur l’arrêt des célébrations publiques, Mgr Matthieu Rougé en relève deux fruits majeurs. D’abord, il voit dans la « privation eucharistique » une occasion de redécouverte de la « communion spirituelle ». Puis, il appelle à approfondir la compréhension de cette communion spirituelle. En effet, écrit-il, alors que « nous avons le bonheur de pouvoir reprendre le chemin de nos églises (…) nos communions demeurent spirituelles […], vécues réellement au plus intime de nos cœurs ». Mieux, ce « temps de privation eucharistique » est pour ainsi dire, une chance inédite d’« approfondissement durable de ce mystère “source et sommet” » de toute la vie chrétienne.
Dans sa lettre, Mgr Rougé invite à nourrir cette intériorité dans les sanctuaires diocésains, « véritable réseau d’oasis spirituelles ». A cet égard, il rappelle les diverses propositions de prières, les différentes spiritualités qui sont offertes, ici et là (paroisses, communautés religieuses et lieux de retraite) dans le diocèse de Nanterre.
III – Créativité missionnaire pour annoncer le Christ
Mgr Rougé ne manque pas d’exprimer son émerveillement devant le dynamisme missionnaire en réponse au confinement : « Depuis les premiers jours du confinement, j’ai été émerveillé par la créativité liturgique, catéchétique, fraternelle, caritative des paroisses, des communautés et des mouvements, du diocèse et d’ailleurs » écrit-il. L’évêque souhaite s’engager à entretenir ce « festival d’initiative ».
Observons, néanmoins, que Mgr Rougé reste prudent sur l’usage nouveau des technologies durant le confinement, à cause du « risque de tomber dans l’idolâtrie de la technologie elle-même et de la mise en scène de soi ».
Cela étant, Mgr Rougé compte bien sûr, prolonger ces nouveautés pastorales et missionnaires. En ce sens, il annonce, au fil de sa lettre, plusieurs événements qui seront des opportunités de les actualiser et de les concrétiser : une « université de la mission » en janvier 2021, un colloque pastoral le 6 février 2021 et la rédaction d’un nouveau parcours de préparation à la confirmation pour « tous les âges de la vie » en vue d’une célébration le 20 mai 2021.
Conclusion
Cette lettre pastorale de Mgr Rougé, la première de son ministère d’évêque, se veut un encouragement pour les fidèles chrétiens du diocèse, de chaque paroisse, à avancer dans la fraternité, l’intériorité, la créativité en vue des vocations et de la mission, dans la force, la douceur et la joie de l’Esprit-Saint, mais dans l’attention aux défis, comme à celui de cette pandémie, en particulier aux souffrances, comme à celles causées par cette pandémie.