Ne nous laisse pas entrer en tentation

Cette prière vient de l’Évangile de Matthieu (Mt 6, 9-13) et il en existe une autre version, plus brève, dans l’Évangile de Luc (11, 2-4). C’est à partir de ces deux textes qu’a été composée la prière du “Notre Père” que nous connaissons aujourd’hui.

Ne nous soumets pas à la tentation” devient “ne nous laisse pas entrer en tentation“. La décision de modifier la prière du Seigneur n’allait pas de soi : d’abord parce qu’elle est la prière la plus mémorisée par les fidèles, ensuite parce que la traduction en usage a fait l’objet d’un consensus œcuménique. Il fallait donc de sérieuses raisons pour ce changement.

La formule en usage depuis 1966, “ne nous soumets pas à la tentation”, sans être excellente, n’est pas fautive d’un point de vue exégétique. Mais il se trouve qu’elle est mal comprise des fidèles à qui il n’est pas demandé de connaitre les arrière-fonds sémitiques pour prier en vérité la prière du Seigneur. Beaucoup comprennent que Dieu pourrait nous soumettre à la tentation, nous éprouver en nous sollicitant au mal.

Le sens de la foi leur indique que ce ne peut pas être le sens de cette sixième demande. Ainsi dans la lettre de Saint Jacques il est dit clairement :

Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : “Ma tentation vient de Dieu”, Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui- même ne tente personne (Jc 1, 13).

D’où la demande réitérée d’une traduction qui, tout en respectant le sens du texte original, n’induise pas une fausse compréhension chez les fidèles.La nouvelle traduction, “Ne nous laisse pas entrer en tentation”, écarte l’idée que Dieu lui-même pourrait nous soumettre à la tentation.

Si le Seigneur, lorsque l’heure fut venue de l’affrontement décisif avec le prince de ce monde, a lui-même prié au jardin de Gethsémani : “Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi”, à plus forte raison le disciple qui n’est pas plus grand que le maître demande pour lui-même et pour ses frères en humanité : “Ne nous laisse pas entrer en tentation”.

Jacques Rideau
Ancien directeur du Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle (SNPLS),
Directeur au Séminaire français de Rome


Réciter le Notre-Père

Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous soumets pas à la tentation
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.
Amen

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